Biographie

Un festin pour les oreilles, qui met du baume au coeur et réconforte les âmes: voici Still Rising, le nouvel album de Gregory Porter, un plaisir aussi majestueux que All Rise, la précédente offrande de la superstar internationale du jazz, déjà récompensé aux Grammy Awards.

Cette collection  2 CD de 34 titres réunit d’anciens morceaux incontournables, de nouvelles chansons ainsi que des duos avec des grands noms du passé et du présent, soit autant d’oeuvres jamais encore rassemblées sur un seul projet: On retrouve Moby, Paloma Faith, Laura Mvula, Jeff Goldblum et Jamie Cullum, mais aussi la soprano Renée Fleming et le violoncelliste Yo-Yo Ma mais aussi Nat King Cole, Ella Fitzgerald et Buddy Holly pour une collection truffée de véritables trésors musicaux.

“Voici toute la musique créée à ce jour” précise Gregory Porter. “Ce n’est pas une compilation ou un best of des meilleurs titres. Ce genre de projet arrive souvent à la fin d’une carrière, mais je me sens comme fraichement débarqué et encore jeune dans la mienne”. Le succès s’est fait attendre pour l’auteur-interprète modeste dont la voix vous enveloppe comme une étreinte chaleureuse. Il signe son premier album Water (nommé pour un Grammy) à l’âge de 39 ans et remporte son premier Grammy Award quatre ans plus tard avec son album Liquid Spirit et son single remarquable “Hey Laura”.

“Je sens que j’ai encore beaucoup de choses à dire. Mais il y a toujours quelque chose dans la carrière d’un artiste que les gens n’ont pas encore vu, donc je voulais pouvoir attirer l’attention sur un de ces points. Quelque chose qui pourrait ravir l’auditeur de longue date et également intéresser des nouveaux”.

L’album, au sous-titre éloquent 2010-2021, revient sur les premières années mémorables de la carrière d’un des artistes jazz les plus récompensés de sa génération. Originaire de Bakersfield en Californie, il a grandi dans un foyer avec un père absent et sept autres frères et soeurs, tout en étant confronté au racisme quotidien. Ruth, sa mère pasteur qui a toujours cru en lui et son talent, est décédée d’un cancer lorsqu’il avait 21 ans. Ces dernières années ne font que confirmer tous ces espoirs et la foie placés en lui.

Et les récompenses pleuvent (dont celle de Meilleur Album de Jazz Vocal aux Grammy), pour l’artiste qui s’est également produit devant la Reine Elisabeth II interprétant “Amazing Grace” au Royal Albert Hall de Londres et jouant pour la cérémonie des 70 ans depuis la fin de la 2ème Guerre Mondiale. Devenu un véritable phénomème mondial, il remplit les salles à travers le monde (ou encore la scène principale du festival Glastonbury) et est très apprécié des plateaux TV que ce soit pour Graham Norton, Jools Holland ou Strictly Come Dancing.

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Bien que Still Rising offre une rétrospective, un plan large sur cette dernière décennie débutée avec “Hey Laura”, il précise: “Il y a également des nouveaux titres, ainsi que des chansons qui m’ont fait connaitre à travers le monde. Le titre de l’album est un clin d’oeil à mon précédent, All Rise, car je reviens sur une partie qui apparaît clairement dans ma musique, avec ces nouvelles chansons ici, cette façon d’aller toujours de l’avant en restant optimiste dans la vie et en amour.”

“Je crois fondamentalement que nous pouvons choisir d’être optimistes, nous pouvons choisir de ne pas nous déchirer entre nous, de contrôler les sentiments que nous avons. Nous pouvons garder la tête haute et continuer d’avancer. Cette idée d’optimisme face à l’adversité. Still Rising, s’élever continuellement.”

Son timbre doux comme un caramel fondant sublime tous les genres, du blues au gospel en passant par la soul, véhiculant son message cristallin comme sur “I Will”: “Cela résume cet état d’esprit. Chantons nous tous ensemble, pouvons nous faire avancer les choses? C’est simple, je dis que je ferai tout ce que je peux dans cette lutte pour trouver l’amour. Cet amour irrépressible, je suis impuissant face à cet amour, et j’en suis d’autant plus heureux “. “Dry Bone”, une collaboration avec Troy Miller, son producteur sur All Rise, offre un autre exemple: “Les choses dont on triomphe peuvent être renouvelées et refaire surface. Il y a toujours cette idée d’ascension.”

En atteste, “Bad Girl Love”: “Je deviens fou par amour. Il faut vraiment ne pas avoir peur de tenter sa chance, se lancer corps et âme et advienne que pourra, ça passe ou ça casse. Je monte sur ce bateau qui tangue (‘lilting’)…j’aurais pu écrire bateau qui prend l’eau (‘listing’), mais prend-il vraiment l’eau? Tanguer c’est se balancer avant de retrouver l’équilibre. Il y a donc une chance!” Cette façon de s’amuser est en évidence sur le très joyeux “My Babe”: “Ça me rappelle ces moments remplis de joie et de sourires dans la communauté noire, de la bonne bière, des gens qui s’amusent dans un club. Parfois l’histoire de la communauté noire peut être galvaudée dans les médias, mais il s’agit ici de bonheur, des bons moments épanouissants”.

Il y a une part de rêverie stellaire dans “Love Runs Deeper”, une chanson écrite pour la campagne de Noël actuelle de Disney, dans laquelle il tient le rôle principal, son propre personnage sous des traits animés: “ Je suis tellement honoré d’avoir été choisi pour ce titre et bien sûr de faire partie de l’histoire légendaire de Disney. C’est fou non?

Sur le second CD nous retrouvons les duos et collaborations provenant d’enregistrements plus anciens sur les albums de divers artistes: “Jusqu’à ce que ces titres apparaissent comme cela tous ensemble, j’avais du mal à croire qu’ils existaient tous vraiment. Je me disais ‘mais non tu n’as pas travaillé avec Ella Fitzgerald ou Nat King Cole! Mais ces titres sont bien là. Mon grand frère Lloyd, qui nous a quittés l’année dernière à cause du COVID, me disait depuis que j’étais petit et pendant 49 ans:“Je crois que tu es un des meilleurs chanteurs au monde”. Et je lui répondais toujours “Arrête de dire des bêtises!”. Je ne me considère pas du tout comme cela mais j’ai l’occasion de chanter avec les meilleurs chanteurs de la planète et c’est merveilleux, cela me rend chaleureux et fier.”

C’était un rêve devenu réalité pour lui de rejoindre Nat King Cole sur “The Girl from Ipanema”: “Je ne suis pas en train d’en faire une histoire typique pour Disney mais en l’absence de mon père j’ai toujours considéré Nat comme une figure paternelle, sa musique me prodiguait des conseils et m’éduquait. J’avais du mal à y croire lorsque je me suis retrouvé chez Capitol Records avec son micro devant moi. Beaucoup d’émotions. Un véritable honneur.”

Une expérience proche de celle du duo avec Ella Fitzgerald pour l’enregistrement de “People Will Say We’re in Love »: “Je tremblais en studio, comme si Ella était juste à côté de moi et que je ne voulais pas la décevoir. Elle avait cette légèreté, vous pouvez entendre son sourire lorsqu’elle chante. C’était très spécial”.

En début d’année, Gregory Porter était invité sur le projet Reprise de son très bon ami Moby, pour interpréter une version orchestrale d’un de ses succès. Son duo « Natural Blues” avec Amethyst Kiah figure également sur le disque, aux côtés de la reprise “Why Does My Heart Feel So Bad?” de Moby. “Je connaissais sa musique bien avant de le rencontrer et c’est quelqu’un de tellement adorable”.

Gregory ajoute: “J’adore à quel point ma carrière est si variée. Je peux travailler avec un DJ dance ou me retrouver en présence de l’incroyable et talentueuse Renée Fleming. La voix De Grégory se marie parfaitement avec celle de la star de l’opéra sur “Baby It’s Cold Outside”. Il a adoré travailler avec le violoncelliste Yo-Yo Ma sur “Heart and Soul”. “Je ne pensais pas qu’on se retrouverait dans le même studio, j’avais du mal à le croire, et nous avons tout simplement pu faire de la belle musique ensemble. Il a une telle maîtrise de son instrument, c’était une expérience époustouflante. Je crois que ce projet a remporté un Grammy”.

Beaucoup de ses invités sont également présents dans son émission The Hang, une série de podcasts qui dure depuis deux saisons et rencontre un grand succès. Paloma Faith avec qui il chante Christmas Prayer” est devenue une amie: “La première fois que je l’ai rencontrée, je passais en voiture pour aller au Cheltenham Jazz Festival en Angleterre et elle s’est mise à crier et courir après la voiture. Je suis sorti car je pensais qu’il y avait eu un incident et elle m’a juste enlacé et m’a dit: “Tu ne me connais pas…!” Et quelques heures plus tard nous chantions ensemble pour la première fois. Elle est adorable.”

Jamie Cullum, qui le rejoint sur le titre “Don’t Let Me Be Misunderstood” est un autre exemple: “C’est un gars tellement habité par la soul, un merveilleux talent et je lui serai éternellement reconnaissant de m’avoir permis de développer ma carrière à l’international. Il était tout naturel qu’il soit là. J’ai chanté avec lui à la radio plusieurs fois. Je dois avouer que cela nous fait rire à quel point on a l’air différent lorsqu’on est l’un à côté de l’autre.”

Il y a cette glorieuse version de “Water Under Bridges” avec Laura Mvula où les interprètes référencent aussi bien “Hey Laura” que “London Bridge”. “Make Someone Happy” avec Jeff Goldblum au piano est arrivé après leur rencontre sur le Graham Norton Show: “Nous avons joué ensemble sur le plateau, puis à l’occasion de concerts qu’il donnait à Los Angeles. Nous avons diné plusieurs fois ensemble. On est même allé au pub”.

Pendant le confinement, Gregory Porter trouve également le temps de s’investir dans d’autres projets (son podcast mis à part), il anime sa propre émission de cuisine, The Porterhouse, une série de six programmes diffusés cet été dans lesquels il partage ses recettes préférées sur les chaines Youtube The Infatuation et Zagat: “J’ai commencé comme chef à New York et c’était tout aussi épanouissant. C’est comme avec la musique, partir de toutes ces choses qui touchent au corps et à l’âme pour en faire quelque chose de merveilleux. Les gens trouvent aussi bien le sourire avec des expériences culinaires que musicales”.

La pandémie aura également eu raison d’une tournée normalement très chargée, mais cela aura eu ses bons côtés: “J’ai pu passer plus de temps à la maison avec ma famille”. Il s’agit de sa femme d’origine russe Victoria et de leur enfant de huit ans Demyan. “Et nous venons d’avoir un petit garçon il y a deux mois. Lev est tout bébé mais il devient plus gros de jour en jour. C’est merveilleux. C’est aussi extraordinaire de voir comment après le décès de mon frère, cette nouvelle vie, sans la remplacer, aura pu au moins combler cette place dans nos coeurs.”

Sa tournée anglaise qui débute en octobre inclut quatre soirs au Royal Albert Hall. “Je m’y sens comme à la maison – enfin si ma maison avait 5000 places assises. Mais c’est un espace large qui garde une certaine intimité et je suis impatient d’y retourner comme pour toutes les dates qui suivent d’ailleurs.”

L’album sortira donc le 5 novembre, le jour suivant son 50ème anniversaire. “Wow, comment en est-on arrivé là? J’avais un peu ignoré cette date. Mais c’est une étape importante et je suis tellement reconnaissant de pouvoir en être à ce stade de ma carrière aujourd’hui. De voir cette histoire, tout ce chemin parcouru, tous ces morceaux qui lient ces messages. L’idée de pouvoir abattre ces murs qui séparent les gens que ce soit pour leur musique, leur culture, leur race, tous ces éléments sont importants à mes yeux.”

C’est une histoire qui n’est pas terminée pour moi, d’un point de vue artistique et personnel. Et je suis toujours en train d’apprendre en chemin. Toujours en train de m’élever”.

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